Vous avez certainement remarqué la manière dont la plupart du temps les journalistes interrogent un candidat (généralement en le coupant, surtout en télévision) : "et le chômage, qu’est-ce que vous faites pour le chômage ? " (par exemple l’interview d’Eva Joly sur BFM-TV).
Remplacez "chômage" par "pouvoir d’achat", "sécurité", etc. ce n’est pas important. Ce qui me frappe c’est cette manière de concevoir encore et toujours le futur président comme l’homme ou la femme qui aura pour inconcevable tâche de régler tous les problèmes au mieux, par sa seule présence et son omnipotence, de nature certainement… divine !
Mais dans le même temps ces journalistes les écoutent à peine, se ruent sur la petite phrase, fouillent chaque hésitation, les interpellent d’une manière presque péjorative, comme on recadrerait brusquement un manant sur le rôle qu’on lui assigne.
Le chaud et le froid, l’interview par la pression : prêter à ce candidat des capacités extraordinaires tout en ne lui montrant aucun respect, ni par les questions, ni par l’écoute.
Mais qui croit donc à Superman ??? Cette position dans laquelle sont enfermés les candidats, qui fait fleurir les : "moi je pense que", "il faut que", "je ferai" etc. Stérilité, surface, image.
Je ne serais disposé à suivre que celui ou celle qui ne voudra pas paraître surhumain, qui ne prendra pas une voix de stentor, de chef ou de meneur mais qui proposerait simplement avant tout de nous traiter comme des grands pour que l’on travaille ensemble à nous gouverner.
J’abhorre le super-héros qui nous sauvera comme des enfants que nous voudrions rester.
Et puis parce que tout n’est pas mauvais, quand même, voici un autre exemple d’entretien que je trouve bien plus riche, les bonnes questions posées dans le respect de la personne interrogée provoquant des réponses de qualité (ici).